Archive for septembre, 2010

septembre 26, 2010

L’émotion, la marée basse

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L’émotion est-elle comme une marée basse ?

Voilà je cherche. Je cherche pourquoi la teneur d’une émotion se dilue. Il y a un moment. Un espace-temps où quelque chose se passe. Une rencontre, pour moi, le plus souvent. Un écrivain dans son livre. Une feuille de châtaignier dans une forêt solitaire. Un premier face à face avec un être animé qu’on oubliera jamais et qui par cet instant là entre dans ta vie. Entre. Porosité. Tout est question de porosité. Mais moi je laisse entrer la première fois, je n’ai pas de filtre. Je mets des filtres après, éventuellement, ou bien j’y suis forcée. Le premier instant c’est celui des toujours. Ensuite il faut absorber le choc. Le digérer et il faut vivre. Avec ?

Et après le choc émotionnel, oui vraiment c’est un choc, beau, mais éprouvant, tout le temps, alors après, il y a le corps. Et la tête. Mais le corps qui est bousculé. Tout papier mâché par l’émotion pure. Moi c’est ainsi. On dit bouleversé ? Longtemps j’ai écrit boulversé, mais il paraît qu’il y a boule dedans. Je ne vois pas, mais bon…Boule au ventre ? Boule au coeur versé de côté ? Renversé ? D’accord, à la renverse, bien sûr. Avec des boules, des carrés, des étoiles, des portiques, des vélos, des bagarres, des ciseaux, des strapontins qui s’installent, des fauteuils, des tabourets, par dessus les murets, les foins, les vaguelettes de mauviettes, des tranches, des oiseaux, des histoires de dormir dehors encore ?, des points, des triangles, des flûtes de zut, des bassons, des mains, des yeux, etc

Alors cette émotion gigantesque me prend une bonne dizaine d’heure. Je viens de le vivre. J’aimais bien être envoûtée. Toute mêlée, pas démêlée, non, l’autre s’installe en toi, ça fait un barouf, il pleut sur le toit. L’émotion de l’autre, les silences, les sentiments, les notes posées sur la partition, juste un début, et toi tu embarques ce paquet d’elle et tu composes maladroitement, toute entière. Cela prend le corps. La nuit, un jour. Mais le matin l’émotion s’est comme reposée, ou bien elle s’est enfuie, ou bien elle s’est reposée oui, parce que c’était fatigant. Et tu te retrouves toi, presque comme avant. La vague immense est passée. Tu es encore pleine, bousculée. Les larmes au coeur. Le corps pressé dans ses tranchées, oui tu as souvent envie de te laisser aller. Tu as envie de pleurer. Oui, cela reste mais tu as  un peu repris ta vie. Reprise ? Tentative ? C’est comme si tu avais marché à marée basse très loin et découvert sous tes pieds tout cet univers vivant. Tu en ferais partie. Une partie à découvert. Et puis pendant que tu dormais la mer est montée. Maintenant tu es sur la côte, assise sur ton rocher, et les contours sont connus. Le bouleversement s’est-il caché en dessous ? Dans ta tête il y avait tempête de mots. Le soir, la nuit, et tu n’as pas écrit.

Maintenant ça fait deux jours. L’eau redescend un peu de ton rocher.  Découverte. Seras-tu ? Tu te souviens de toutes les émotions, de toutes les rencontres, de ce mic mac de vie entre les êtres animés. Sans doute en vieillissant est-on encore plus conscient de cette science inexacte de la vie et encore plus au courant. Au courant naissant dans chaque instant. Ces croisées de vies. Comment vivent les autres ? Comment sont-ils arrivés jusque là aujourd’hui ? Avec leur visage tel qu’il est, leur voix, leurs gestes, chaque mouvement ? Pourquoi cette voiture, ce vélo, cet endroit, ce travail ? Pourquoi cet instant que nous avons voulu. Cette table, toi et toi que je ne connais pas. Toi qui me vois pour la première fois et tu parles, tu ris. Cette tarte chaude, ce chocolat, ce pantalon là, ces couleurs,  le dehors où il grêle puis il fait soleil comme par magie. Pour que vive l’instant il faut le vouloir, il faut cet inconscience, cette décision, et cette conscience qui fait passer à l’acte. Qui fait que l’heure est dite, le jour nommé, et qu’on se trouve là où on a décidé d’être. Décidé d’être. Et comme tu l’as bien dit Moi je veux être rien. Voilà qui est bien dit. Mêlons le dire au faire. Et faire ce rien, c’est une belle vie, je te le dis.

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septembre 22, 2010

Gouttes de nuit tombante

Je suis restée à regarder le soleil se coucher longtemps. Immobile je voulais voir chaque couleur se fondre dans la nuit. Et aussi la tache bleue de la piscine du voisin au travers des arbres. Et aussi les lampadaires oranges au pied des petites maisons. Longtemps. Silencieusement. Assise cachée derrière des plantes avec les deux chats attentifs. De l’autre côté, à l’Est, la lune orangée se levait avec un halo de lumière blafarde autour d’elle. Son petit air triste à la Chaplin et sa bouille ronde qui blanchissait. Je viens d’effacer, par erreur,  toutes les photos prises. Je savais bien que ce moment était à part, qu’il fallait ouvrir les yeux jusqu’aux oreilles pour en capter chaque goutte  car qu’il ne reviendrait plus.

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septembre 20, 2010

La jalousie

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Un jour j’ai connu la jalousie. Ce fut une rencontre fulgurante. Je ne me suis pas reconnue. Bon, soyons précis, je ne vis pas avec ce sentiment, il est complètement inconnu de ma vie. Je veux dire l’envie, envier quelque chose ou quelqu’un. Etre jaloux de ce qu’un autre que toi fait, ou je ne sais quoi du genre. Non. Connais pas.

Là je parle de la jalousie amoureuse. Bing. Un jour, et ce fut une fois et la seule, et ce fut tellement frontal que l’on ne m’y reprendra pas comme ça. Non. C’est sans doute le truc quand c’est la première fois, c’est comme un coup de foudre, tu es Patatras. Un coup de glace, de seau à glace, et champagne et vodka. Complètement dévariée la fille.

Ce fut un jour tout con où il me dit d’un air de pas y toucher…Que comme qui dirait que y’aurait de l’eau dans le gaz et que ce ne serait plus ça entre lui et moi et que..ben, tu vois, la fille avec laquelle je bosse je me sens séduis. J’éprouve un sentiment pour une autre femme, qu’y me dit le gars. En fait il me dit …C’est fini, ma poule. Charivari et langue de bois. Pouic de pouic, la Cata.

(Et quand je pense qu’ils n’ont même pas consommé ces deux là !!?!!! Non, même pas…)

Elle, jeune maman à peine la trentaine, en pleine installation chez elle, chez eux, le joli couple. Lui…Ben lui et moi. Franfreluches et chinchilla, la Cata qu’y dit ce saligaud là. Bien sûr ce n’était pas abordable comme idée pour moi. C’était une histoire au long cours, on avait tant et tant fait. Avions, trains, amants, maitresses, vagues, folie, oui, non. Quatre années pour enfin vivre ensemble, alors je te dis que Non c’était pas entendable. Non. Donc, la furie m’a pris, la jalousie, cette garce que je ne connaissais pas à pris possession de mon corps et de mon reste d’esprit. Possession. Mon corps était tournicoté dans un sens et puis tricoté et re-détricoté. J’étais broyée et hachée menue et la jalousie tenait le hachoir à deux mains et me regardait vomir mes tripes en riant, en beuglant. Une vraie maladie.

L’autre, cette pauvre jeune femme aux cheveux auburns et la coupe au carré, celle qui bossait avec mon séducteur, elle a vraiment vu une folle, une pauvre folle. Elle était très stoïque quand je la croisais, en prime. J’avais envie de lui foutre une bègne, de lui dire qui il était, le petit jeu ,je connaissais par coeur, j’en avais des bien mûres à lui conter. Il était à moi et j’allais lui arracher ses yeux de khôl de Sainte Nitouche si elle continuait à roucouler.

La jalousie possède et vit sur la possession. Elle est une furie sur pattes. Elle te démantibule. Ton corps n’est plus scindé, il est une chose qui bat le pavé. Je battais le pavé du quartier. Je glissais des lettres de menace dans sa boîte, à elle. Je la détestais. Je voulais qu’elle comprenne, qu’elle cesse de me déposséder. Je ne respirais plus je haletais. Je ne regardais plus je scrutais, je rongeais, je ne marchais pas je courais, je courais contre. J’étais contre, contre, contre. La jalousie, la première fois, c’est une vraie maladie incurable. Elle te bouffe jusqu’aux os, tu donnerais ta peau.

Je suis contente de l’avoir rencontrée de face et avant la quarantaine sonnante. Elle fut à l’épreuve de ce qu’avait été cette relation. Qui m’avait toute emportée, toute prise, dans tous les degrés. Tous les coins. Quelques mois plus tard je balayais seule dans ces coins là, et ce n’était pas joli. Je partais, je fuyais le désastre, et ce n’est même pas parce qu’il l’aimait, cette autre, pas du tout. Il faisait joujou et c’était consolateur d’être admiré  ainsi, loin d’un amour qui cherchait ses coins et perdait ses couleurs.

Oui, je suis contente de m’être perdue totalement un jour dans les bras de la jalousie. Cela fut comme une tornade, un truc qui était en moi et que je ne connaissais pas. C’est sorti des profondeurs, comme un dragon malveillant. Cela va très vite, tu n’as aucune prise, tu es démuni. Tu deviens fou. C’était hier, il y  a très longtemps. Je me revois encore courant dans les ruelles de la Croix rousse avec ma lettre à la main. Le pathétique dans toute sa splendeur. J’étais un paquet de linge sale, un sac vide sans patates, rien, fini, déambulante, handicapée de tout, cherchant à lever la tête, à garder deux jambes mais amputée jusqu’au cou. La jalousie te prend tout. Et tu perds.

C’est pour ça que je suis contente de l’avoir laissée sur la colline lyonnaise où j’ai tant pleuré. Je me suis déshabillée, je lui ai laissé toutes mes fringues, j’ai pris le taxi pour toujours, je l’ai laissé repue de moi-même mais penaude au fond. Elle avait perdu une copine. Tu m’as vue, tu m’as eue, tu as perdu.

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septembre 19, 2010

Rencontres. Piano. Musique de la vie.

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Dans quelques jours je rencontre quelqu’un que je n’ai jamais vu. Je te dis ça en écoutant E.S.T Live in Hamburg. Tu connais ? Piano jazz ? Vif, puissant.

Dans quelques jours je rencontre. Je vis. La vie n’est-elle rien d’autre ? Non la vie n’est rien d’autre que les rencontres. Elles sont mon poison violent, je les aime. Un jour je te rencontrerai peut être. Sans les rencontres point de vie. Piano qui file, en pointes, court, vole, dit.

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septembre 13, 2010

Partir. Se taire. Laisser la source entre les mains.

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Laisser faire. Observer. Se taire en écoutant de façon bienveillante. La plupart du temps s’imposer, s’interposer, dire, proposer, ne sert pas tant que cela. Avoir la patience de laisser l’autre, lui faire une place, comme devant une fontaine, creuser ses mains pour faire couler la source.

Balivernes le reste ? Clin d’oeil à un lecteur un peu étranger qui a découvert ce mot, balivernes,  ici. Je me suis aperçue en recevant son commentaire, que certains lisent ma prose sur la messagerie, comme un courriel. Dites vous venez ici voir aussi ? Parce que sinon c’est pas la peine que je refasse les peintures de temps à autre !! Pour moi un blog n’est pas un mail. Traverse la boîte ami, pour entrer chez moi. Y’a de la place. Et toi t’es qui ?

Bon, aussi, faut que je te dise, un de ces quatre tu viendras ici et y’aura rien. Ca n’existera plus. T’inquiète, je serai ailleurs. Je viendrai te dire. Jaime bien partir. Tirer des traits symboliques puis re-puiser ailleurs, refaire son trou et sa bosse. Fée Carabosse.

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septembre 10, 2010

Suis-je déjà à la retraite ?

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J’ai levé le pied il y a trois ans. Complètement, consciemment devrais-je dire. Après des tentatives de temps plein et de postes à responsabilités, des trucs de chef -à-la-con , j’ai enfin compris pourquoi j’avais presque tout le temps favorisé le temps partiel dans ma vie professionnelle. Comment tu veux vivre à temps plein si tu bosses aussi à temps plein ?

J’ai posé pied. J’ai ralenti mon rythme. Je n’ai peut être pas tout choisi, il y avait urgence à ralentir. Parfois je me demande si je suis déprimée et si c’est normal d’être heureuse béatement. Je veux bien gagner des sous mais pas trop puisque je sais que je dois m’habituer à vivre avec moins de 1000 euros. Je plafonne à 600, pour voir. On dirait que c’est mon minimum vital tant que je suis deux sous mon toit.

Pour le pôle emploi je suis un sénior, j’adore. Ouf, je suis dans les « out », c’est officiel. Parfois je me dis que c’est con parce que j’ai un potentiel pas toujours exploité mais en fait non. J’ai essayé un paquet de domaines où me sentir  utile mais je suis trop cynique pour penser être utile aujourd’hui dans des institutions de fous, des boites, des systèmes complètement blindés, aliénants, que je ne peux plus supporter. Je veux de la douceur. Je commence par moi. Il faut un début à tout cela. J’ai repris un  job qui est sans prétention apparente et rempli de joies partagées, avec des femmes qui n’ont rien choisi dans leur vie et qui sortent un peu de chez elles sous prétexte d’apprendre le français. Du temps partiel loin du bruit mais dans la crasse un peu quand même, pour pas être totalement en retraite anticipée. Je traverse leur quartier de merde où si j’y vis je meurs, moi. Le lundi tout est crade, tout est jeté par les fenêtres n’importe quoi, n’importe comment. Je croise l’équipe communale, balais et brouettes en main. Ils ont le moral les gars. C’est trois fois par semaine la même chose et dès qu’ils ont le dos tourné tout redevient dégueu. Et ils reviennent et ils recommencent patiemment, avec leurs balais, leurs pelles, ils arpentent les trottoirs et les places et ils sourient.

Je les croise et j’aime bien cette dérision. Je vais moi, retrouver des personnes charmantes, on fera quelques trucs, cela ne changera rien en profondeur, ni côté socio, ni côté linguistique,  et ni sociolinguistique, ni tout ce que tu veux. Elles retournent chez elles et c’est le même merdier. Les gosses sont  incontrôlables, elles n’ont aucun contacts en langue française, les maris sont épouvantables, les belles-mères turques sont à couper au couteau, etc. Juste un moment ensemble, juste le moment. Pareil pour le balayeur du quartier, content de son coup de balai, propre derrière lui pour une demie journée. Point barre.

Dès que j’ai commencé à travailler, cela a toujours été une occupation annexe dans ma vie, pour avoir de quoi vivre un minimum. J’ai décidé très tôt, avant vingt ans, que le travail ne guiderait pas mes choix essentiels. Que les boulots suivraient le rythme, feraient la route avec moi, va que je te pousse.  Je me suis tout de même débrouillée pour ne pas faire que des job idiots ou trop pénibles physiquement et pour étudier comme il faut aux bons moments. Mais, 37 contrats de travail plus tard, je me dis que oui, la vie est ailleurs, que c’est juste un petit bout de la lorgnette, et la retraite itou.

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septembre 8, 2010

Déroulement, faire, avoir fait, être.

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Est-ce qu’on change ? Est-ce qu’on reste la même personne ? La même qu’à 3 ans, qu’à 13, qu’à 22, qu’à 33, qu’à 47 et ainsi de suite ? Est-ce qu’on rassemble mieux ses affaires, tous nos trucs et machins et qu’on sait mieux moins s’y casser la binette ? Mieux et moins ? Moins et mieux ? Une histoire de tri, de se frayer le passage, moins s’affoler devant soi-même, relever ce défi.

Dans cette période maintenant où derrière il y a cinquante années et un grand paquet de faire, que je n’ai plus à prouver aux autres, et que j’ai fait les essentiels sans lesquels je ne pourrais pas me regarder dans un miroir, sans lesquels je serais encore entrain d’accumuler. Entrer dans cette autre façon d’être, brûlée par le fragile, contaminée par la douleur inhérente à tout mais lestée et remplie toute entière par tout ce que j’ai mis dans mon sac de vie. C’est ce passage, cette multitude de réponses possibles, la peur de mal vieillir, la frayeur de ce que je sais et de ce que j’en ai vu et dont je ne veux pas, à aucun prix.

Soleil en face. Partir dans la lumière. Envelopper mes contours en faire un rayon de vie souple où le temps ne compte pas et qui ne cherche plus aucune réponse.

septembre 6, 2010

Une journée

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Comment ? Et serait-ce trop de choses. Il y aurait ce qu’on pense et ce qui se passe. Comment ?

Il y aurait le rempli et le vide et toute la surface à tapisser de regrets, bande d’abrutis que tu es. Petit chose mal peignée qui traîne au dedans de toi. Se tenir debout est déjà assez difficile. Qu’ai je fais ce matin ? J’ai revu. Des lieux de travail et des personnes à côtoyer. Je sens que ce sera gai et fatigant, parce que toujours les gens. Toujours les gens, mais quand même. Le corps d’être. Une table autour. Un thé , deux thés, odeur de cannelle, des filles, des papiers. Rien de pressé. Ce lieu est vraiment aimable, je m’en bénis des deux pieds, je pourrais être tout à fait autre et ailleurs. J’y ai pensé tout de suite longeant le couloir  encore noirci  ( tout a cramé en janvier, la vie de quartier…) je me suis dit, ouf, tu échappes à cet autre bureau, à cet autre job  payé quatre fois plus mais tellement merdique. Un boulot ça te change la vie. Pas de boulot aussi.

Revenue je me sens sur le quai. Quelque chose va partir, va se dérouler. Et tout ce que je pensais être bien sûr, prend une autre tournure en refaisant les pas dans les rues, petites, petites maisons, calme, circulation, passage au pôle emploi déposer courrier, monde dans le hall, juste apercevoir, sourires, boîte aux lettres, poster une carte colorée pour une petite fille qui ne va plus à l’école, heureuse liberté accordée, parents qui veulent une vie autrement, et ce bébé de cette maman jeune collègue, qui à trois mois se retrouve  dans un lieu de garde collectif, pas fait pour elle, cadrage, rupture, parents qui ne savent pas, et tant mieux, ce qui se vit dans ces lieux là. Vaut-il mieux ne rien savoir parfois ?

J’étais tout de même toute désolée pour ce bout de chou de la savoir malheureuse déjà d’une séparation non voulue mais prise dans le flot, déjà dépendante de choix bizarre fait comme malgré. Encore un dommage à subir. Larmes et cris à peine sorti du nid. Je trouve qu’on apprend bien trop tôt les ruptures. Et ne va pas me dire que c’est pour notre bien.

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septembre 4, 2010

Le coude du rêve

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Comment ai-je pu rêver si près de toi encore ? C’est toujours l’histoire de nos corps comme s’ils vivaient une vie séparée de nous, du reste.

Dans le lit d’une grande pièce en rez-de-jardin deux chats couraient d’une fenêtre à l’autre et du dedans au dehors. Ton corps lourd et rond, ta peau pâle et le mien qui t’appartient et le tien qui m’appartient. Ton coude sur lequel je prends mon temps. Je le caresse, le mange et le lèche, pour remonter plus haut sans quitter le goût de ta peau. Et ton visage est dans le mien, est installé lascivement, ta jambe dépasse du drap. C’est toujours la même histoire, celle de nos retrouvailles au delà de nous, sans nous qui vivons ailleurs et faisons semblant de ne plus nous connaître.

J’ai laissé dans ton coude ma peau et mes lèvres, mon destin, la nudité de ma réalité. Dans cette journée qui commençait et deux chats taquins qui sortaient et entraient dans ce rêve. Nous, immobiles.